Il était une fois… les histoires commencent comme cela n’est-ce
pas, et elles se terminent par « et ils se marièrent, vécurent heureux et
eurent beaucoup d’enfants ». Bon. Et au milieu, qu’est ce qui se passe ?
Dans toutes les histoires, le héros rencontre une difficulté
qui met sa vie en péril (empoisonné par une belle-mère plus préoccupée par son
image que par son rôle de soutien et protecteur parental par exemple), ou doit « mériter »
sa place pour avoir le droit d’exister (surtout quand le héros est fils de roi,
dans les histoires les fils de paysans n’ont rien à prouver à un super king de
père et vivent, tout simplement). Il passe une série d’épreuves, dont le succès
dépend de sa prise de décision et aussi du soutien qu’il reçoit des autres
(lutin, nain, marraine la fée, compagnon de route). On notera que les « soutiens »
peuvent être réels ou virtuels, et que si Cendrillon avait choisi de répondre
lors de l’apparition de Marraine la Fée « non mais c’est du délire tu n’existes
pas je suis dans la merde et j’y reste », elle aurait peut être fini par
se pendre avec sa serpillère. Au bout du rouleau, toute aide est bonne à
prendre, il n’y a plus ni temps ni énergie pour les chichis.
Pour dépasser son épreuve et gagner sa place, le héros déploie un talent qui lui est propre, et dont il n’avait généralement pas conscience.
Même Blanche-Neige, par-delà l’empoisonnement, est sauvée
par sa beauté qui émeut le prince. Elle n’en avait aucune idée avant, puisque
ce domaine était chasse gardée de Belle-Maman (le sachant, elle n’aurait peut-être
pas atterrit dans une cabane au fond des bois avec 7 nains à gérer…). Mulan
réalise dans la bataille qu’elle est une splendide guerrière, bien qu’on lui
ait toujours répété le contraire. Des talents principalement niés par ceux qui
se sentent mis en danger, ceux dont la faible estime d’eux-mêmes ne tient que
par le fragile fil de « je suis le seul et l’unique, le meilleur et après
moi le déluge ». Ceux-là veulent bien faire bénéficier les « ignorants
et incapables » de leur « savoir », à condition qu’ils
restent sagement à leur place : en dessous.
Ceux dont l’autonomie et l’innovation présente un danger sont priés d’aller briller ailleurs pour ne pas leur faire d’ombre.
Et au passage, si on peut donner un petit coup de pied pour balancer celui qui met en danger dans le précipice, pas vu pas pris… Bien sûr pas officiellement, nooooon. Ni même consciemment (pour mémoire, le conscient gère 10% des processus et l’inconscient 90%... on peut être « inconscient » d’un comportement et avoir 90% de son être qui le nourrit et le répète).
Ma fille, toujours synchro avec sa maman, vient de faire un
joli dessin. Un « gentil fantôme enfermé dans une prison qui ne peut pas s’échapper ».
Merci Choupinette. C’est peut-être l’image qui résume le mieux la situation.
Notre héros, dont les capacités sont encore à l’état d’esprit, doit d’abord les
amener à l’état concret dans la matière pour briser les murs de sa prison et
enfin respirer, à sa juste place et libre d’évoluer dans son espace.
Pâques : traversée du désert, crucifixion, « mon père
pourquoi m’as-tu abandonné », pardon et résurrection (que les catholiques
me pardonnent pour les libertés prises avec ce symbole). Sur l’île de Pâques,
dominaient des géants. Et si l’unique façon de pouvoir se dégager de leur ombre
et enfin accéder au soleil était de les enterrer ? Au sens propre pour
certains, au figuré pour d’autres. Corps enseveli, duquel ne surnage que la
tête et l’esprit. Afin d’être libre de choisir, se laisser (ou non) inspirer
pour (se) réaliser ? L’ile de Pâques, autrefois verdoyante, est maintenant
un désert. Après avoir obéi aveuglément aux Dieux Géants, ses habitants ont-ils
voulu briser leurs chaînes et recommencer à penser par eux-mêmes ? Mais
comment conserver la Foi quand celui qui inspire est aussi celui qui étouffe ?
Parce que l’être humain a besoin de l’autre (je crois qu’Adam galérait bien
tout seul avant qu’Eve ne vienne mettre un peu de piment dans son existence),
celui qui porte la double casquette de Sauveur et Bourreau peut lui aussi
trouver la force de pardonner (dans le triangle relationnel, la troisième place
est celle de Victime). Lui pardonner d’être le miroir de ses fragilités. Lui
pardonner son imparfaite humanité, avec ses « humaineries »
(expression brevetée par Roseline Roy*, « tatie » de la communication
bienveillante en milieu familial). Lui pardonner d’être et d’exister.
Réunir le Père et le Fils, pour que la magie de l’Alchimie puisse s’accomplir. A la fois inspirés - guidés par leur pierre philosophale - et libres de se tromper (et de recommencer), les Hommes peuvent accomplir leur Grand Oeuvre, libérés du fardeau des péchés.
Tu as le DROIT de te tromper, et tu continues d’être AIME. Continue d’avancer sur la route de la Vie, pour des siècles et des siècles. Une jolie recette mise au point il y a 2000 ans. L’Ame Agit**, et c’est magique…
* : Roseline Roy traduit en français les ouvrages de
Adele Faber et Elaine Mazlish, tous autour de la communication bienveillante en
milieu familial. « Parent épanoui, enfant épanoui » est l’un de mes
préférés, aux Editions du Phare : https://www.auxeditionsduphare.com/
** : Jeu de mots de l’hypno-thérapeute Olivier Lockert, dont la vision de la Vie se
retrouve dans le conte « La Grande Histoire de la Vie » : https://soundcloud.com/mp3-hypnose-gratuit/histoire-de-la-vie