19h dimanche 25 décembre, je m'apprête à déclarer Noël officiellement terminé.
Quasi 2 mois d'attente (schtroumpfette de 4 ans et frénésie commerciale dès les vacances de Toussaint oblige), 16 heures d'ateliers biscuits et origami, 4 heures à se déguiser en mère Noël depuis mon canapé en surfant sur les idées cadeau Amazon, Oxybul et autres boutiques "livraison avant Noël garantie", 8 heures de slalom cadeaux en ville, 18 heures de transport, 4 heures de cuisine. Cette année je fais le bilan du rapport investissement temps versus bonheur récolté, et dans ma tête I'm happy.
Comme chaque année, je râle des semaines à l'avance. Je me mets une pression dingue, pour que LE grand jour où le Père Noël pourra transmettre à Choupinette le message qu'il l'aime inconditionnellement, soit parfait. Cadeaux, déco, histoires, marchés d'artisans, animations et autres contes de Noël, tout y passe. Je puise dans le coffre à trésor de mes Noëls d'enfance pour trouver LE détail à ne pas manquer, qui permettra une nouvelle fois aux yeux de ma fille de briller.
Parce que je ne sais pas pour vous, mais mes Noëls ont pris une toute autre saveur depuis que je suis devenue Maman. Un grand moment. Avant Noël c'était rentrer chez mes parents, et la nostalgie de ce que je manquais quand ça n'était pas possible. L'attente de cette fête organisée par ma mère, synonyme d'ultime magie. Et ce fond de déception le lendemain, comme si j'attendais autre chose que des paquets bien enveloppés et des repas délicieux. Ce je-ne-sais-quoi manquant à l'intérieur, malgré le ballet maintes fois répété dont chaque membre de la famille connaît la chorégraphie.
En devenant Maman, j'ai pris les commandes. En donnant la vie, j'avais récupéré le flambeau de la Création magique pour que le mystère attendu en ce jour puisse une nouvelle fois s'accomplir. Chacun connaît son rôle et ses rituels, la routine est réglée comme du papier à musique. Cuisine - dernières courses - emballages - messe - dîner -coucher kid - disposition cadeaux - un peu de dodo - réveil - déballage - déjeuner de Noël - promenade - bye bye. Le décors varie, les participants aussi. Toujours un peu de pression quant aux nouveaux acteurs, seront ils à la hauteur du casting? Choix du lieu avec le lourd pondérateur de la diplomatie familiale (chez Maman, chez Belle-Maman, chez moi, on tire à pile ou face?). Bref, un nombre infini de facteurs venant vriller mon cerveau déjà stressé.
C'est pour ça que ce soir, pendant que Chéri entame une dernière belote avec ses cousins et que Demoiselle joue à la cuisine Playmobil déguisée en fée Clochette, moi depuis le fond du canapé je me détends enfin.
Comme tous les enfants de son âge, il y a eu des jours ou Demoiselle était sage, et d'autres où elle l'était (parfois franchement!) moins. Sa grande angoisse, au fur et à mesure que la date fatidique approchait, était de s'assurer que dans l'échelle de notation du Père Noël, elle mériterait ses cadeaux. Beaucoup de pression pour être une "bonne personne", digne de cadeaux, et de la culpabilité en pensant aux moments où les émotions ont pris le pas sur la bonne éducation.
Pression, comme celle que je me mets pour un Noël "parfait"? Cette année j'ai eu le déclic. Lâcher prise. Non je n'ai pas de contrôle sur les participants au show, ni sur le lieu de la représentation. Pas plus que sur la météo (balcon ou tisons?), la fraîcheur des huîtres ou la messe résultant de l'inspiration du prêtre. Et c'est très bien.
Cette année, j'ai décidé que le plus beau cadeau de ma fille ne serait pas dans ses chaussures. Sans papier ni bolduc, un cadeau pourtant inestimable et qui lui servira chaque jour de sa longue vie. Cette année, je lui ai expliqué que ce qui comptait pour le Père Noël, ça n'était pas de réussir mais d'avoir l'intention constante d'y arriver. Que le grand barbu l'aimait, qu'elle ait déjà réussi ou soit encore en chemin. Pour la sagesse comme le reste. Au passage j'ai aussi glissé qu'en tant que Maman, je n'avais pas le mode d'emploi et m'efforçais chaque jour d'être une meilleure Maman pour elle, et que quand je n'atteignais pas mon objectif et bien pas grave, une infinité d'autres occasions nous est donnée pour recommencer. Ça oui elle comprenait. Demoiselle est allée au pays des rêves attendre ce Père Noël qui ne lui poserait pas de lapin, et je me suis sentie plus légère sur mon chemin. J'avais envie d'un Noël plein de sourires, de bienveillance, et de moments heureux à graver sur la pellicule des souvenirs. Et comme j'ai été parfois sage, parfois pas, et que je m'efforce d'apprendre de mes erreurs pour être consciente de l'instant, je suis allée me coucher en sachant que le meilleur était à venir. Joyeux Noël à vous, moi je vais reprendre une part de bûche en regardant Un Conte De Noël avec Mathieu Amalric.
https://m.youtube.com/watch?v=26WyDdbZzzI