J’ai eu la chance de rencontrer hier une
collègue, basée entre Paris et Londres. A première vue, notre travail est très
différent puisqu’elle accompagne des organisations dans leur performance, et moi
de la thérapie. Mais au fond, nous
appliquons les mêmes outils et les mêmes méthodes de travail, sur des êtres
différents mais avec le même objectif : fonctionner de manière optimale,
confortable, respectueuse de ses valeurs et donc en accord avec Soi. Je m’étais
déjà fait cette réflexion en discutant avec un ami pasteur, mais ceci est une
autre histoire dont la polémique qui pourrait suivre ces propos n’est pas le
sujet du jour… ;-)
Pour ceux qui ont fait une école de
commerce, la « pyramide des besoins d’Abraham Maslow » est un modèle
à suivre pour comprendre les motivations de l’être humains. C’est un modèle de
base utilisé en marketing. Si on résume, lorsqu'un groupe de besoins est
satisfait un autre va progressivement prendre la place selon l'ordre
hiérarchique suivant : besoins physiologiques > besoins de sécurité
> besoins d'appartenance et d'amour > besoins d'estime > besoin
d'accomplissement de soi. Et lorsqu'un besoin précédent n'est plus satisfait,
il redevient prioritaire.
Qu’est ce qu’un modèle utilisé pour
vendre plus de machines à laver ou de bonbons en chocolat a à voir avec
l’accomplissement de Soi ??
Tous nos comportements ont un but
inconscient, nourrir un des besoins exprimés sur cette pyramide.
Cette pyramide a toutefois ses limites,
notamment dans sa structure verticale : satisfaire un besoin inférieur
avant le besoin supérieur n'est pas systématique. Les besoins sociaux d’une
personne (amour, amitié, appartenance, intimité) peuvent être pleinement
satisfaits, sans que le soit son besoin de sécurité (du corps, de l’emploi, de
la santé, de la propriété). Par
exemple, un couple peut sembler
parfaitement accordé mais exploser si la maladie d’un conjoint, la perte de son
emploi, un gros coup dur financier etc. vient résonner trop douloureusement
avec son besoin fondamental profond.
Idem, un couple « qui à priori
s’est bien trouvé » (besoins sociaux d'amour, appartenance, intimité satisfaits) peut être également mis à mal si son fonctionnement ou
ce qu’il représente vient écorcher les besoins d’estime, la marche suivante sur
la pyramide. Confiance, respect des
autres et estime personnelle sont liés à nos valeurs profondes, inculquées par
la vie et notre culture. Ce contraste
(voire opposition) de valeurs profondes
peut affecter certains couples multiculturels ou inter-religieux
(heureusement ca n’est pas une équation systématique !), ainsi que d’autres
pourtant à priori moins « différents ». Vous allez me répondre « enfin quoi, ca
n’est déjà pas si facile de rencontrer une personne avec qui faire un bout de
chemin, on peut se raisonner pour que ca fonctionne tout de même ! ».
Oui, bien sûr ! La personne en contradiction avec ses valeurs (pour
reprendre l’exemple plus haut) va se raisonner avec son cortex, le
« mental », toutefois son cerveau reptilien (dit aussi cerveau
primitif, archaïque et primaire, il aurait environ 400 millions d'années. Remonterait à l'époque où des poissons sortirent de l'eau et devinrent batraciens -voir l’article "Regard d'enfant, cerveau triunique et bonheur") va lui aussi crier sa détresse et ses
signaux d’alerte. En utilisant le langage du corps, cela
s’appelle des somatisations.
Personnellement, mon corps me parle beaucoup (quel
bavard !), et dès que mes comportements sont en contradiction avec mes
valeurs, il me le signale. Maux de tête, fatigue, furoncles, j’ai mon cocktail
« ralentis toi Amélie et regarde ce qui se passe ». Quel est le
vôtre ?
Maintenant, j'essaye d'être attentive à ces signaux, toutefois il arrive (très souvent) que je ne les comprenne pas sur l'instant. Cela peut arriver quand nos valeurs profondes, celles qui nous font réagir, ne sont pas forcément portées par "l'opinion générale". Transgenre/sexualité et argent sont, parmi d'autres, des thèmes sensibles. Je ne vais pas réouvrir des débats trop actuels sur "'j'impose à l'ensemble de la société ce que je crois être des valeurs justes pour le bien de tous", mais bon vous aurez saisi l'idée. Une personne peut se sentir mise en danger (sécurité) sur le plan financier dans son environnement familial ou professionnel, et ne pas oser respecter cette "envie" profonde pour elle parce que le reste du monde lui renvoie le message que "c'est mal, c'est sale". Alors elle se force, quitte à être malheureuse ou voir son corps la lâcher.
Au fond, la vraie thérapie ne consiste pas à changer, mais à s'accepter. Tel qu'on est. Eclairer et sublimer les aspects sombres, afin de s'aimer et illuminer le monde.
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